Du 17 au 27 septembre 2012 ma cousine Nanou Kourgansky et moi-même, Nadine Dorokine, avons participé à un séjour organisé par l’association Art et Vie, sur le thème « en pays cosaque ».

Nous avons visité des lieux bien étonnants et émouvants, mais c’est des Karaïtes, et de leur vallée sacrée, que j’aimerai vous parler.

Karaïtes, Caraïtes ou Qaraïtes, ainsi se nomment les membres d’une communauté qui se considère comme juive, mais que les Juifs ne reconnaissent pas comme telle. Le terme, apparu au neuvième siècle, signifie en hébreu « fils des Ecritures ».Les Karaïtes ne reconnaissent que l’autorité de l’Ecriture, n’acceptent ni la tradition talmudique, ni la Michnah, ni la Kabbale, autrement dit la transmission et l’interprétation orale de l’Ancien Testament. Ils refusent également la circoncision.

Le karaïsme, deuxième religion des Turcs de Crimée, se caractérise également par des éléments du paganisme turc. Ils adorent le dieu Tengri, dieu du ciel, comme leurs ancêtres pré-judaïques, et vouent un culte au chêne, leur arbre sacré.

Ils ne sont aujourd’hui que 2000 environ, dispersés en Pologne, en Turquie, en Egypte et en Palestine, 650 en Crimée.

Le lundi 24 septembre nous quittons Bachtchisaraï, l’ancienne capitale des Tatars de Crimée, pour la citadelle de Tchoufout-Kalé, spectaculaire plateau rocheux qui surplombe de deux cents mètres la vallée. Les descendants chrétiens des Sarmates, le premier khanat de Crimée au quinzième siècle, et les Karaïtes jusqu’en 1850 s’y succédèrent. (1)

(1) Les cités taillées dans le roc de Çufut Qale (« forteresse juive »), Tepe Kermen, Mangup Qale, Eski Kermen et la forteresse de Surenski, qui se cachent dans les montagnes de Crimée, inhabitées depuis des siècles.
En plus des tombes païennes, ces cités abritent de nombreux monastères et de nombreuses églises, ainsi que des monuments architecturaux
juifs, qui témoigne d’un passé à la richesse culturelle exceptionnelle. Protégées par des fortifications, ces villes connurent leur apogée au Moyen Âge, et furent tour à tour le centre culturel de Goths et d’Alains, de juifs karaïques, de Chasares convertis eux aussi dès le 9e siècle au judaïsme, de moines byzantins, des Petchéguènes et de la principauté de Théodoro.

Vue sur la vallée de Bachtchisaraï

C’est en 4+4 –ou plutôt jeeps de l’armée que nous quittons Bachtchisaraï pour gagner le plateau.