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La cathédrale de Nice est un joyaux de l’architecture religieuse russe, bâtie en 1903. La cathédrale Saint Nicolas, classée aux monuments historiques, a été édifiée entre 1903 et 1912 sur un terrain acheté en 1865 par le tsar Alexandre II pour en faire un mausolée à la mémoire de son fils, mort à cet endroit d’une méningite.

Le bail emphytéotique, initialement signé en 1907 pour une durée de 99 ans, est arrivé à son terme en 2006.Depuis 1923, c’est l’ACOR qui gère la paroisse orthodoxe, rattachée au Patriarcat de Constantinople et non celui de Moscou.

En 2007, l’Ambassadeur de la Fédération de Russie en France, Alexandre Avdeev a entamé des pourparlets afin que la Russie récupére son bien. Pour l’ACOR, la cathédrale était une possession de la famille impériale, non de la Russie, ce que contestent les autorités russes.

A l’audience, qui s’était tenue le 2 novembre 2009 après plusieurs renvois, l’avocat de la Fédération de Russie avait plaidé que l’acte initial d’acquisition du terrain, par Alexandre II, portait la mention “Au nom de l’empereur de toutes les Russies“, ce qui signifiait, selon lui, que ce terrain n’était pas un bien familial des Romanov mais au contraire un bien étatique. La défense avait plaidé au contraire que la nature familiale du mausolée était évidente et qu’il en résultait que l’ensemble terrain et bâtiment, construit partiellement avec des fonds privés de Nicolas II– appartenait à la famille des tsars et nullement à l’Etat russe, qui ne pouvait donc en revendiquer la propriété.

Alexandre Avdeev aujourd’hui ministre de la Culture de la Fédération de Russie, a expliqué les motivations de son pays : “J’ai proposé une entente à l’amiable, et elle n’a pas abouti. En aucun cas nous ne voulons transformer une discussion juridique en discussion religieuse. Et, sur ce plan, il n’est pas question de remplacer les religieux qui sont sur place par des religieux venus de Moscou ! L’État Russe demande simplement le retour de cette propriété selon l’échéance du bail emphytéotique. Une fois cela confirmé, nous maintiendrons ce qui est à Nice. La seule chose que nous supprimerons est le prix d’entrée actuel. La gratuité de l’entrée est dans la tradition des Églises orthodoxes.”

Le tribunal de Nice a donné raison à la Fédération de Russie, le 20 janvier 2010 avec exécution provisoire du jugement.”Le tribunal civil de Nice a décrété que la cathédrale orthodoxe Saint Nicolas appartenait bel et bien à la Russie, et non à l’association cultuelle de la paroisse”. L’association cultuelle a déjà décidé de faire appel de ce jugement, se déclarant prête à se pourvoir en cassation ou, au-delà, à faire appel devant la Cour européenne de justice. La bataille judiciaire ne fait que commencer.

Cette affaire fait ressurgir d’anciennes blessures de la révolution russe.