La conférence commencera par un bref exposé des expériences de Norbert Rouland dans l’Arctique.

Carte d’après Miller.

La Russie impériale a montré dés le dix-huitième siècle un grand intérêt pour l’Arctique, avec notamment l’expédition en 1733  de Behring, avec Féodor Ivanovitch Miller envoyé par l’Académie des Sciences de Saint Petersbourg.

Académie des Sciences de Saint Petersbourg

 

Ne venant pas au Kamchatka, Miller a parcouru les points les plus importants de la Sibérie occidentale et orientale dans les limites de: Berezov, Ust, Kamenogorsk, Nerching, Yakuth. Il a soigneusement étudié les archives locales, en ouvrant entre autres la chronique sibérienne Remezov. Un séjour de dix ans (1733-1743) en Sibérie a enrichi Miller avec une multitude d’informations précieuses sur l’ethnographie des étrangers, l’archéologie locale et l’état actuel de la région. La collection énorme de documents d’archives de Miller était d’une importance particulière, et si lui-même n’utilisait qu’une partie négligeable d’entre elles, l’avenir se sert et continuera à servir d’outil important pour les scientifiques de nos jours.

Gerhard Friedrich Miller (Fedor Ivanovich Miller)

Mais malgré la proximité de la terre ferme, la découverte de la façade arctique russe a exigé des siècles et a dépendu de beaucoup d’expéditions.

La première explosion nucléaire soviétique se produit en 1949. Elle rend possible des attaques nucléaires soviétiques par des bombardiers intercontinentaux qui auraient survolé l’Arctique. Une dizaine d’années plus tard, on assiste donc à une militarisation de l’Arctique. Au Groenland, le symbole en est l’installation de la base américaine de Thulé,relaté par Jean Malaurie.

Mais l’Arctique est aussi le lieu géographique d’une mosaïque de peuples autochtones. La Russie y possède 19 peuples autochtones appartenant à trois familles ethnolinguistiques distinctes.

À l’heure actuelle, le réchauffement de la planète est particulièrement sensible dans l’Arctique, comme le conférencier a pu le constater au Groenland. Il facilite l’extraction de matières premières et la navigation. Il concerne évidemment le littoral arctique de la Sibérie, appelé  aussi la route du Nord. Toutefois, l’exploitation des richesses économiques de l’Arctique reste soumise à des conditions très exigeantes.

Tout ceci s’insère dans un contexte politique complexe.

Les États-Unis évitent d’impliquer l’Alliance atlantique dans les affaires arctiques, désirant en garder le contrôle exclusif. Avec la Russie, ils sont les seuls pays riverains à avoir une vision d’ensemble de l’Arctique.

En 1987, Mikhaïl Gorbatchev a prononcé un discours à Mourmansk. L’idée essentielle en était la régionalisation de l’Arctique de manière pacifique par des accords bi ou multi latéraux, à la manière de l’idéologie de ce dernier concernant la Maison commune européenne, peu appréciée par les pays occidentaux.

En 2008, les cinq pays riverains ont signé au Groenland la grande déclaration d’Ilulissat. La Russie en est signataire, mais exprime constamment des revendications de caractère exorbitant. À plusieurs reprises, le président Poutine a exprimé son intérêt pour l’Arctique. Geste symbolique, en 2007 Moscou a planté un drapeau en titane sous le pôle Nord géographique par 4200 m de profondeur.

On constate donc à la fois des perspectives économiques intéressantes en Arctique (la Chine s’intéresse beaucoup au Groenland), mais elles se situent dans un contexte politique marqué par des intérêts divergents.

Le conférencier

Norbert Rouland est né en 1948 et a terminé ses études secondaires par un baccalauréat en philosophie. Par la suite, il a effectué toutes ses études de droit à l’Université Paul Cézanne (Aix-en-Provence, France).

Il est docteur en droit (droit romain), en Science politique et en Anthropologie juridique (terrains : les Inuit du Groenland et du nouveau Québec). Il a été nommé sur concours à l’Institut Universitaire de France, où il a créé la chaire d’anthropologie juridique. Il est actuellement Professeur de droit (classe exceptionnelle) à l’Université Paul Cézanne. Il y a créé et dirigé depuis une huitaine d’années un Master 2 de Droit des activités artistiques.

Norbert Rouland  a effectué de nombreuses missions à l’étranger et écrit une centaine d’articles, ainsi qu’une vingtaine d’ouvrages.

ENTRÉE LIBRE SUR RÉSERVATION

Réservation et renseignements : 06 20 97 35 68.