“Bakst des Ballets russes à la Haute Couture”

22 novembre 2016 – 5 mars 2017

Palais Garnier Place de l’Opéra

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Dessin de costume pour une bacchante dans Narcisse : couverture du «Programme officiel des Ballets russes », Théâtre du Châtelet, juin 1911 BnF, département de la Musique, Bibliothèque-musée de l’Opéra.

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Peintre, décorateur et théoricien, Léon Bakst (1866-1924) a été l’un des chefs de file de l’avant-garde des artistes russes réunie au sein du groupe « Le Monde de l’art ». Principal collaborateur des Ballets russes lors de leurs premières saisons, il dessine les décors et les costumes de plusieurs chefs-d’œuvre : Shéhérazade, Le Spectre de la rose, L’Après-midi d’un faune, Daphnis et Chloé… Son œuvre révolutionne non seulement la décoration théâtrale, mais aussi la mode et les arts décoratifs.
À l’occasion du cent-cinquantième anniversaire de la naissance de l’artiste, l’Opéra national de Paris et la Bibliothèque nationale de France organisent une exposition rétrospective qui présente au travers de 130 œuvres environ le portrait d’un artiste total qui pensait son art comme une action. Elle permet de suivre l’itinéraire d’un artiste russe devenu une figure du Tout-Paris, d’un peintre qui a formé Chagall et qui a été l’ami de Picasso ; un artiste qui a surtout contribué à créer l’esprit et la sensibilité de l’avant-guerre de 1914 grâce à des créations fiévreuses dominées par l’érotisme des corps, des créations conçues en dialogue avec les celles de Claude Debussy, Maurice Ravel, Igor Stravinsky, Gabriele D’Annunzio, Vaslav Nijinski ou Ida Rubinstein ; des créations enfin qui ont reçu les éloges appuyés de Marcel Proust ou Jean Cocteau et qui continuent d’inspirer jusqu’à nos jours, d’Yves Saint Laurent à Karl Lagerfeld.

 Léon Bakst est né en 1866 dans l’Empire russe, formé à Saint-Pétersbourg puis à Paris auprès des peintres Albert Edelfelt et Jean-Léon Gérôme, Bakst fait partie du groupe d’avant-garde Mir Iskusstva (le « Monde de l’art »), qui réunit notamment Serge Diaghilev, le futur imprésario des Ballets russes, et le peintre Alexandre Benois.

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Léon Bakst, Tamara Karsavina, Serge Diaghilev et Vaslav Nijinski (Venise,1909). Photographie. BnF, BMO, FONDS BAKST ALB. 24.

En parallèle à sa carrière de peintre et d’illustrateur, Bakst travaille pour le théâtre dès le début du xxe siècle et plus particulièrement pour le ballet. Dès les premières saisons russes à Paris, il s’impose comme un rénovateur éclatant de la scène, entre autres avec les triomphes de Cléopâtre (1909), Schéhérazade (1910) et Le Spectre de la rose (1911) ou Daphnis et Chloé (1912). Sa collaboration avec le danseur et chorégraphe Vaslav Nijinski culmine avec la création et le scandale de L’Après-midi d’un faune (1913).

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Terror antiquus, 1906. Huile sur toile (extrait). Musée russe, Saint-Pétersbourg.

Bakst travaille à Paris avec d’autres compagnies que les Ballets russes dès 1911. Il collabore
ainsi avec Ida Rubinstein, qui a triomphé dans Cléopâtre et
Schéhérazade les années précédentes et qui vient de quitter la troupe de Diaghilev.

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Dessin du costume d’Ida Rubinstein pour le rôle-titre d’Istar, ballet de,Léo Staats sur un livret de Léon Bakst, créé à l’Opéra de Paris le 10 juillet 1924. Encre et aquarelle.Coll privée.

À la tête d’une immense richesse, elle entend promouvoir à Paris des spectacles à sa mesure, comme elle a pu le faire à Saint-Pétersbourg quelques années plus tôt. En Russie, elle s’est déjà assuré le concours de Bakst : dès 1904, il a dessiné pour elle le décor et les costumes de l’Antigone de Sophocle où elle incarne le rôle-titre.

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Costume pour La Belle au bois dormant, acte II du spectacle The Big Show, créé à l’hippodrome de New York le 31 août 1916. Robe à paniers satin jaune rebrodé de pierreries sur fond rose bordé d’un volant de mousseline. BnF, BMO, Musée 1565.

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Fantaisie sur le costume moderne : Atalanta, 1912. Encre et aquarelle. Collection Thyssen-
Bornemisza, Madrid.

Léon Bakst triomphe comme décorateur et costumier avec les Ballets russes lorsque Jeanne Paquin lui commande pour sa maison de haute couture une série de modèles qui sont présentés en 1913 – au moment où Paquin confectionne les costumes, dessinés par Bakst, du ballet Jeux, de Vaslav Nijinski.

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Projet de chapeau avec un portrait de Misia Sert, vers 1910. Crayon et gouache. BnF, BMO, MUS K 139.

Cette collection incarne une forme de modernité face à la mode orientale qui a cours alors et que Bakst a contribué lui-même à lancer quelques années plus tôt.

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Deux modèles pour des figures féminines, 1910. Gouache, aquarelle et crayon. Metropolitan Museum, New York, Inv. 61.557.5.

“Comme vous le savez, je vis depuis plusieurs années à Paris. On s’y intéresse énormément à la mode. Personne ici n’est surpris d’apprendre que je crée des vêtements, que je fréquente les grands couturiers, et que je prodigue des conseils et des avis dans ce domaine.
Mais je m’intéresse toujours beaucoup à mes compatriotes qui, vivant en Russie, ont une sensibilité bien différente. L’idée qu’un artiste peintre, un décorateur de ballets et d’opéras puisse s’intéresser à la mode étonne énormément. Cela paraît déplacé, voire incongru. Il en va bien différemment à Paris. À Paris, je me permets de donner sans la moindre hésitation mon opinion sur les robes, les manteaux ou les coiffures (…) La femme nouvelle – la femme de demain – sera suprêmement féminine, la plus gracieuse qui soit, légère, quasi aérienne.
Son vêtement, je viens de le dire, se rapprochera de la coupe masculine, mais avec de légères nuances, des accents si l’on peut dire. Ainsi, dans cette mode nouvelle, les dentelles vont jouer un rôle important.”  Écrit Léon Bakst dans les années 1920.

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 Au travers de cent trente pièces, dont certaines rares ou inédites, tableaux, dessins, photographies, costumes, manuscrits, maquettes de décor…, l ’exposition propose de découvrir la profusion des créations de l’artiste et son génie de coloriste auquel ont rendu hommage Christian Lacroix, Karl Lagerfeld pour Chloé, John Galliano et surtout, à plusieurs reprises, Yves Saint Laurent. Dans un article de février 1972 des Lettres françaises, Aragon célébrait en Yves Saint Laurent un futur Léon Bakst.

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Yves Saint Laurent. Ensemble de jour, sarouel de voile de coton multicolore en hommage à Bakst, collection printemps-été 1991. Fondation Yves Saint Laurent, Paris.

Elle est enfin une invitation à voyager dans l’univers féerique de Bakst, avec ses sultanes et ses almées des Mille et une nuits, ses bacchantes antiques et ses pages du Grand Siècle.

(Photos et textes sont extraits du catalogue).

Catalogue: “Bakst, des Ballets russes à la haute couture”. Sous la direction de Mathias Auclair, Sarah Barbedette et Stéphane Barsacq, Coédition BnF Éditions / Opéra national de Paris/ Albin Michel / AROP 22 × 27 cm, relié, 192 pages, 100 images, 39 €

Palais Garnier
Bibliothèque-musée de l’Opéra
Entrée des visiteurs et des lecteurs : Angle des rues Scribe et Auber
Adresse postale : 8 rue Scribe
75009 Paris
Téléphone : 33(0)1 53 79 37 40
Courriel : bibliotheque-musee-opera@bnf.fr
Tous les jours 10h-17h
Tarifs: 11 €, réduit: 6 €.  Entrée gratuite pour les moins de 12 ans, personnes handicapées et leur accompagnateur, demandeurs d’emploi.
Métro: Lignes 3, 7, 8, (Opéra), 7 et 9, (Chaussée-d’Antin) RER A, (Auber)
Bus:Lignes 20, 21, 22, 27, 29, 42, 52, 53, 66, 68, 81, 95