SORTIE le 27 octobre

Edition des Syrtes

Annenkov ed Syrtes

Iouri ANNENKOV

“Journal de mes rencontres”, un cycle de tragédies.

Traduit du russe par Marianne Gourg, Odile Melnik-Ardin et Irène Sokologorsky

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Georges Annenkov dit Iouri Annenkov( auto portrait)

Iouri Annenkov (1889-1974), (en russe : Юрий Павлович Анненков, Iouri Pavlovitch Annenkov) est un peintre, décorateur de cinéma et costumier français, né le 18 juillet 1889 à Petropavlovsk dans le Kamtchatka, Russie, il est décédé le 12 juillet 1974 à l’âge de 84 ans à Paris. Il eut une vie longue, riche et intense. Son père était révolutionnaire proche de l’organisation terroriste La Volonté du peuple qui connut la prison, le bagne et la relégation, fréquenta Lénine, accéda ensuite à une certaine aisance puis tomba en disgrâce. Pour sa part, Annenkov se fait renvoyer du gymnase pour avoir commis en 1905-1906 des caricatures antigouvernementales dans une revue prorévolutionnaire illégale.

En 1911 il part pour Paris. Il y fréquente l’atelier de Félix Vallotton  et retrouve Chagall et  Jean Pougny. En Bretagne à Roscoff, il effectue un stage avec sa sœur Nadejda, biologiste, il étudie les anémones de mer en se servant d’un microscope. Il y crée aussi plusieurs œuvres, des huiles sur toile dont les sujets sont des personnages bretons, des villages. De 1913 à 1924 il retourne en Russie. Il expose pour les associations l’Union de la Jeunesse et Mir Iskousstva.

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De droite à gauche, Annenkov, Lischitz, Tchoukovski et Mandelstamen en 1914

Contraint de s’exiler en France en 1924, Annenkov fait revivre dans son ouvrage le souvenir des personnages qu’il a fréquentés : Gorki, Blok, Akhmatova, Essenine, Lénine, Maïakovski, Pasternak, Trotski et tant d’autres. À chaque souvenir correspond un portrait, dessiné d’un trait épuré, faisant écho à la réminiscence idéalisée de ces artistes et penseurs.

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Dans son atelier rue Campagne-Première à Paris en 1950

Cycle de tragédies, tel est le sous-titre qu’Annenkov donne au Journal de mes rencontres et pour cause : suicide d’Essenine, de Maïakovski, de Piast ; Gorki est empoisonné ; Goumiliev, Pilniak, Babel, Meyerhold sont fusillés ; Blok, Zochtchenko et Pasternak meurent de chagrin et d’épuisement. Zamiatine fait l’objet d’une chasse à l’homme avant d’obtenir le droit d’émigrer. Victimes de tracasseries sans nombre, mis au ban de la vie publique, d’autres courbent l’échine ou se réfugient dans le silence (Akhmatova, Malevitch, Poudovkine). D’autres choisissent l’émigration avec toutes les difficultés qu’implique l’exil.

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Projets de costumes pour Madame de et Lola Montès de Max Ophüls

Ici, Annenkov dresse des listes de noms, de lieux, de dates, de nourritures. Ce goût du catalogue était répandu dans la première émigration. C’était une façon de faire revivre les absents, de préserver la mémoire. Annenkov rappelle à la vie ceux qui ont jalonné sa longue existence, revisite les lieux qu’il a aimés, et surtout Saint-Pétersbourg. Il ne se lasse pas d’en nommer les rues, les avenues, les restaurants, de citer les vers d’Akhmatova, de Blok. Livre-témoin, empli de tendresse à l’égard de ces bâtisseurs damnés, enfants d’un siècle tragique, Journal de mes souvenirs est une œuvre unique, faisant revivre au fil des phrases et des esquisses une époque oubliée et pourtant génitrice du XXème siècle.

Edition des Syrtes

800 pages – 28€

code EAN: 9782940523467