Dans le cadre des Journées du Patrimoine 2018

Concert et lectures autour de la correspondance

de Marina Tsvetaïeva et de Rainer Maria Rilke

vendredi 14 septembre 2018 à 20h30

Mairie de Vanves.

 

Marina Tsvétaïéva (1892-1941) reconnue comme l’une des grandes poètesse du XXe siècle. Femme de tous les paradoxes, à la fois russe et universelle, prosaïque et sublime, elle commence très jeune à écrire et à publier. Prise dans la tourmente révolutionnaire dans laquelle son mari s’était engagé comme officier, elle vit un douloureux exil de dix-sept ans à Berlin, à Prague, puis à Paris, à Meudon et à Vanves . De retour dans son pays natal en 1939, elle se suicide deux ans plus tard. Elle est des talents si impétueux que les évènements les plus dévastateurs de l’histoire ne sauraient les étouffer. Réduite à néant par la terreur stalinienne, Marina Tsvétaïéva ne cesse aujourd’hui de revivre et de rayonner. Cette « Danseuse de l’âme », ainsi qu’elle se nommait, traverse, subit et transcende les malédictions de l’Histoire comme une comète fracassée. Par sa poésie, fulgurante, rétive et exaltée, elle fraternise d’emblée avec toutes les victimes. La singularité tragique de son itinéraire, d’une indestructible intégrité, garde aujourd’hui toute sa charge libératrice.Pendant l’été 1926, Marina Tsvetaïeva, Boris Pasternak, Rainer Maria Rilke, correspondent à trois. Ils font exploser le schéma du triangle amoureux. Cette correspondance  amoureuse est souterraine et sublimée, remplacée par de l’admiration ardente et réciproque. L’échange entre les deux premiers, précède et succède au trio incandescent qu’ils formeront le temps de l’été 1926. Près de cinquante lettres dont la tension vers l’absolu prennent source dans la littérature, explosant en vol, précèdant de quelques mois la mort de Rilke.

« Je reviens à la maison, non pour tromper
ni pour servir –  je n’ai pas besoin de pain.
Je suis ta passion, ta renouée du dimanche, 
Ton septième ciel et ton septième jour. » – Marina Tsvétaeva
« Ceux qui l’ont vu vivre
ne se doutaient pas combien
il faisait un avec toute chose ;
car tout ceci : ces profondeurs, ces prés
et ces eaux étaient son visage. » – Rainer Maria Rilke 

 

Rainer Maria Rilke (de son nom patronymique René Karl Wilhelm Johann Josef Maria Rilke) est un écrivain autrichien (1875 – 1926). Il est surtout connu comme poète, bien qu’il ayant écrit un roman, « Les cahiers de Malte Laurids Brigge », ainsi que des nouvelles et des pièces de théâtre. En 1897, il change de prénom : de René Maria, il devient Rainer Maria. Il voyage en Italie puis en Russie avec Lou et son mari. Il rencontre à cette occasion en 1899 Léon Tolstoï. En 1901, il épouse Clara Westhoff, une élève d’Auguste Rodin avec qui il aura une fille, Ruth. Le couple se sépare un an plus tard et Rilke se rend à Paris, où il devient en 1905 le secrétaire de Rodin. Il rompt avec ce dernier et voyage à travers toute l’Europe et au-delà de 1907 à 1910 (Afrique du Nord, Égypte, Berlin, Espagne, Venise, Aix-en-Provence, Arles, Avignon). Il abandonne peu à peu la prose pour se consacrer à la poésie, plus apte selon lui à restituer les « méandres de l’âme ». À partir de 1919, il s’installe en Suisse où il  retrouve Baladine Klossovska qu’il avait connue en 1907 à Paris. Elle vit à présent seule, avec ses deux fils, Pierre Klossowski et Balthazar dit Balthus, (le futur artiste peintre). Elle a onze ans de moins que lui, ils deviennent amants. C’est par son intervention auprès d’André Gide qu’est publiée la première plaquette de dessins intitulée « Mitsou » faite par Balthus à quatorze ans, illustrant les étapes de sa recherche désespérée de son chat qu’il croyait perdu. Rilke préface et suit de près la fabrication de cette sorte de « bande dessinée ». La liaison de Rilke avec Baladine dure environ six ans.

Lettre posthume de Tsvétaïeva à Rilke

« L’année s’achève sur ta mort ? Une fin ? Un commencement. (Très cher, je sais que maintenant ― Rainer, voilà que je pleure ― que maintenant tu peux me lire sans courrier, que tu es en train de me lire. Cher, si toi, tu es mort, il n’y a pas de mort, la vie – n’en est pas une. Quoi encore ? La petite ville de Savoye ― quand ? où ? Rainer, et le nid (le filet*) de sommeil ? Maintenant, tu sais aussi le russe, tu sais que nid se dit gnezdό, et bien d’autres choses encore.

Je ne veux pas relire tes lettres, sinon je ne voudrai plus « vivre » (ne le « pourrai » plus ? Je « peux » tout ― ce n’est pas de jeu), je voudrais te rejoindre, pas rester ici. Rainer, je sais que tu seras tout de suite à ma droite, je sens presque, déjà, ta tête claire. As-tu pensé une fois à moi ? C’est demain l’an nouveau, Rainer-1927. 7. Ton chiffre préféré. Tu es donc né en 1875 (le journal) ? 51 ans ? Jeune.

Ta pauvre petite fille, qui ne t’a jamais vu.

Pauvre moi.
Pourtant, il ne faut pas être triste ! Aujourd’hui, à minuit, je trinquerai (oh ! très doucement, nous n’aimons pas le bruit, toi et moi) avec toi.

Très cher, fais que je rêve de toi quelquefois.

Nous n’avons jamais cru à une rencontre ici ; pas plus qu’à l’ici, n’est-ce pas ? Tu m’as précédée pour mettre un peu d’ordre ― non pas dans la chambre, ni dans la maison ― dans le paysage, pour ma bienvenue.

Je te baise la bouche ? La tempe ? Le front ? Plutôt la bouche [car tu n’es pas mort], comme à un vrai vivant.

Très cher, aime-moi, autrement et plus que personne d’autre. Ne sois pas fâché contre moi ― habitue-toi à moi, c’est comme ça que je suis.

Quoi encore ?

Trop haut, peut-être ? Ni haut, ni loin.

…un peu trop en face de ce spectacle émouvant, pas encore, encore trop proche, front contre épaule.

Non, cher grand garçon ― ô

Rainer, écris-moi (est-elle assez bête, cette prière ?) 

Meilleurs vœux et beau paysage de l’an nouveau du ciel !

Marina.   
Bellevue, Meudon, le 31 décembre 1926, dix heures du soir

 

MAIRIE DE VANVES

23 rue Mary Besseyre
92170 Vanves

Métro ligne 13 : Malakoff – Plateau de Vanves (puis 12 mn à pied)

ligne 12 : Corentin-Celton (puis 12 mn à pied)

Bus 126 (arrêt Mairie de Vanves-Centre administratif)

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Visite les samedis 15 et dimanche 15 septembre 2018

de l’appartement de Marina Tsvetaeva à Vanves

De 1934 à 1938 la grande poétesse russe Marina Tsvetaeva (1892-1941) a vécu avec son fils Mour, au deuxième étage de la maison. Elle y a écrit plusieurs œuvres majeures, notamment le poème “La Maison” (1935), qui immortalise ce lieu. Une plaque commémorative a été apposée en 2010 sur la façade de cette émouvante demeure.


Horaires : 

Samedi 15 septembre : 11h00 à 12h00, 14h00 à 15h00, 16h00 à 17h00
Dimanche 16 septembre : 11h00 à 12h00, 14h00 à 15h00,  16h00 à 17h00

 

Découvrant la poétesse russe, Florent Delporte tomba à tel point amoureux de son œuvre qu’il commença à apprendre la langue russe et monter des spectacles à son nom qui, maintenant, sont présentés en Russie et en France.

Quant à son appartement, les fenêtres dont la vue est la même que celle il y a cent ans, est entièrement dédiée à Marina Tsvetaeva.

En 2014, « L’Observateur Russe » proposa à la chaîne télévisée russe RTVI, de consacrer un sujet au destin insolite de l’appartement et sur l’amour inattendu du français. Un film a été réalisé.

Appartement de Marine Tsvetaeva,  2ème étage

65, rue Jean-Baptiste Potin, 92170 Vanves.

Sur Inscription: associationmarinatsvetaeva@gmail.com

Tél: 09 77 71 48 06