Conférence d’Andreï Korliakov

“L’Emigration russe-Le destin des brigades du Corps Expéditionnaire russe en France “

 DIMANCHE 4 FÉVRIER À 11H Salle Pierrotet

Mairie du Vème arrondissement de Paris

Stand Ymca-Press-Les Éditeurs Réunis

Exposition de photos de 1917-1919, LES BRIGADES RUSSES DU CORPS EXPÉDITIONNAIRE EN FRANCE ET À SALONIQUE, LA RÉVOLUTION, ET APRÈS !….

Andrei Korliakov est une personne très spéciale et extraordinaire. Si vous avez l’occasion de parler quelque peu avec lui, vous en serez aisément convaincu. Pour cela, il faut entrer vers 17 heures dans la librairie des Éditeurs Réunis (YMCA-PRESS) rue de la Montagne-Sainte-Geneviève à Paris. 


Arrivé en France en 1991, ce qu’il ne pouvait même pas supposer au cours de sa vie en Union soviétique, il étudie à la Faculté d’Histoire de la Sorbonne et se met à collectionner des photos des émigrés de Russie. Il est le dernier des émigrés. Du moins, c’est ce que l’on peut penser en regardant sa page Facebook. Il collectionne les photos des émigrés russes entre les années 1917 à 1991, l’année où il est parti d’URSS. Chacun a son cadre temporel et son histoire. Curieusement, son histoire se trouve dans ces photos et en ce temps-là. Quand il vous propose de monter à l’étage du magasin pour prendre un verre de vin et bavarder, dans la mesure où c’est le lieu d’échange de pas mal de personnes intéressantes russes, il n’est pas aisé d’imaginer que cette personne si sociable a travaillé pendant dix-huit mois seize heures par jour, sans repos, sans vacances, pour amasser le matériel, écrire et publier son premier grand album. 


C’est un solitaire. On s’en aperçoit rapidement car quelque chose vous empêche d’en approchez trop près, comme si vous éprouviez, à ses côtés, le poids des volumes qu’il transporte. Quelque part à travers le temps, et tout seul.
Il en a déjà publié beaucoup et, chaque fois, c’est de nouveau l’Histoire et des histoires.

Chacun de ces volumes comporte des centaines de photos trouvées chez des héritiers, des descendants, des collectionneurs et dans des musées, découvertes chez des libraires ou des bouquinistes – y compris ceux que l’on trouve le long de la Seine – et sur les marchés aux puces. 


Chacun témoigne d’une certaine expérience de la vie à Paris, de recherches, de connaissances, de rencontres inattendues ou sollicitées, d’espérances, de déceptions, de trouvailles, d’automne et d’hiver, de printemps et d’été. 


De quoi sont faits les livres ? Andrei Korliakov fait en sorte que tout soit cohérent. Et, finalement, il en fait quelque chose d’unique. Ces livres ne sont pas faits sur commande, ils ne font pas partie d’une collection d’éditeur ou d’un programme de subventions : il travaille à ses risques et périls ; ce sont comme des pièces d’art uniques sorties de son atelier parisien et, quand il écrit, quand il raconte, quand il étudie la vie des émigrés d’après les photos, il y est, il est là-bas parmi ces émigrés qui louent une pièce à trois, qui travaillent par équipes comme chauffeurs de taxis et qui, le soir, vêtus d’une redingote noire, avec plastron blanc et nœud papillon, se rendent « chez les leurs » à une réunion.
Pourquoi est-il là-bas ? Pourquoi la vie de ces personnes, dispersées par le temps, compte-t-elle tellement pour lui et qu’est-ce qui le pousse à rassembler les traces de cette pénible histoire de l’émigration, déjà à moitié oubliée ? 

Mais la vie du «Valet de carreau» et du «Monde de l’art», ici, à Paris, s’est entrelacée avec la vie de tout autres gens et d’autres groupes que, là-bas, en Russie, ils n’avaient aucune chance de croiser ; elle a acquis la nouvelle silhouette d’un monde complètement étrange, d’un phénomène étrange : l’émigration russe. 


Andrei Korliakov observe ce monde de l’intérieur, il revit cette histoire dans sa propre vie, il lui donne la possibilité de se montrer aujourd’hui à nous comme un tout qui intègre à la fois deux Paris, deux époques, deux Russies. C’est en cela que consiste la particularité de ses livres : ils sont très vivants et très personnels. Et ce n’est pas uniquement parce que, sur un grand nombre de photos, figurent les dédicaces de ceux que nous voyons, de Stravinski et Remizov à Berdiaev et Prokoudine-Gorski. Non seulement les photos portent la trace des personnes concernées mais, placées côte à côte, elles se parlent, créent comme un entretien, une sorte d’échange qu’Andrei Korliakov soutient par ses efforts, une conversation qui, probablement n’a jamais eu lieu dans la vraie vie. Et, sur chaque photo, il extrait une histoire particulière qui la relie à d’autres personnes, uniquement au moyen de la photographie.
La singularité de sa façon de faire consiste à étudier l’Histoire au moyen de l’histoire des photos, lesquelles, pour une raison mystérieuse, se mettent à parler, à montrer la vie non pas suivant les circuits historiques mais d’une façon curieusement différente, de façon terrestre.
Et cette abondance factuelle dans laquelle sombre toute historiographie, ne l’ébranle nullement ; à l’inverse, il traite avec joie toutes les circonstances concrètes, le fond qui, pour tous ceux qui y ont participé, n’était pas du tout un fond.
Chaque tome, est la création d’un moyen particulier de parler, de relier les documents et, en vous plongeant dans chaque volume, vous oubliez inévitablement le temps, vous êtes happés par le passé.
Chaque tome est incommensurable, on ne peut pas le lire d’une traite, l’étudier, se souvenir de tout; on peut le feuilleter chaque fois comme la première fois et, en fonction de ce que vous cherchez, faire sans cesse de nouvelles découvertes et acquérir de nouvelles motivations. C’est tellement vivant, si proche, ce n’est pas quelque part là-bas… et on se dit soudain qu’il faut lire Chmelev.
Il est regrettable que ces albums soient absents de Russie ; il est dommage que, dans la Russie actuelle, la plupart de ces photos soient inconnues.
Et, finalement, pour les gens qui vivent en Russie, il semble que ce monde apparent continue de rester de l’autre côté, de rester inconnu, inexistant. Et c’est étrange. Chaque volume mérite une grande exposition individuelle, un exposé, une conférence de presse. Car, en effet, chaque volume est un événement qui, jusqu’ici, reste dans l’ombre, ce qui ne lui enlève pas le caractère d’événement. 


À Paris, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, il faut trouver la librairie d’YMCA-PRESS et y entrer vers 17 heures pour qu’Andrei Korliakov vous raconte quelque chose sur l’histoire de l’une des photographies. Et, après, il se peut qu’il vous propose de boire un verre avec lui, là-haut, à l’étage, après avoir grimpé l’escalier grinçant qui a vu passer tant de monde bien connu. À tout moment, vous pourriez en avoir l’impression”. Dimitri Novikov

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1 place du Panthéon, 75005 Paris