“La Fuite” БЕГ

du 6 octobre au 20 octobre 2017

Théâtre La Criée, Marseille

Huit Songes comédie grinçante Pièce en quatre actes de Mikhaïl Boulgakov

Mise en scène, décor et costumes Macha Makeïeff

Lumières Jean Bellorini

Avec (distribution en cours) Vincent Winterhalter, Alain Fromager, Pascal Rénéric, Arthur Igual, Geoffroy Rondeau, Karyll Elgrichi, Vanessa Fonte, Thomas Morris, Sylvain Lévitte, Arthur Deschamps et Emilie Pictet

La Fuite raconte l’épopée de Russes blancs fuyant vers la Crimée, l’avancée des armées bolcheviks et les combats entre les différentes factions en guerre, entre 1920 et 1921. Pris entre la défaite de leur armée, la perte de leurs repères, ce groupe est confronté à des choix impossibles, revenir à Saint-Pétersbourg – pour y vivre ou pour y mourir exécuté, rester à Constantinople, s’installer à l’étranger. La débâcle, l’exil, la nostalgie du retour, le chaos sont ici magnifiés dans un climat d’étrangeté onirique qui donne aux situations un air burlesque, une drôlerie et une excentricité dans le pur style de Boulgakov.

Huit songes, huit lieux où se déroule l’action comme autant d’étapes vers la destruction d’un monde, le basculement en dehors de l’histoire :

L’église d’un monastère, « J’ai vu en rêve un monastère » Une salle d’attente d’une grande gare inconnue en Crimée, « Mes rêves deviennent de plus en plus pénibles »

Un local du contre-espionnage à Sébastopol, « L’aiguille luit en rêve »

Un bureau du Commandant en chef des armées blanches dans un palais à Sébastopol, « Et une multitude de gens d’origine diverse partit avec eux »

Devant un manège de courses de cafards à Constantinople, « Janissaire cafouille »

Une cour plantée de cyprès avec maison à galerie à Constantinople, « Séparation, ô séparation ! »

Un cabinet de travail dans un appartement à Paris, « Trois cartes, trois cartes, trois cartes ! »

Une pièce ornée de tapis dans une maison à Constantinople, « Il était douze brigands ».

Le récit embrasse le destin de plus de trente personnages, foule bigarrée, burlesque et cosmopolite : Khloudov, général commandant le front des armées blanches ; Sérafima, jeune femme de la bonne société petersbourgeoise ; Goloubkov, fils d’un professeur idéaliste de l’Université ; Africanus, archevêque de Simféropol et de Karasubazar ; Tcharnota, cosaque zaporogue, général dans l’armée blanche ; Liouska, maîtresse du général Tcharnota ; Korzoukhine, ex-ministre du commerce ; Krapiline, planton ; Golovan, aide de camp, De Brizard, officier de l’armée blanche ; un hégoumène décrépit ; Païssos, moine ; Baïev, commandant de l’armée rouge ; un chef de gare et sa femme ; Tikhi, chef du contre-espionnage et ses agents ; le Commandant en chef des Armées Blanches ; Arthur Arturovitch, le roi des cafards ; « Antoine », valet de chambre ; un Don Juan grec, une jolie prostituée, ainsi que des cosaques en cape de poil de chèvres, des marins anglais, français et italiens, des policiers turcs et italiens, des gamins turcs et grecs, des têtes d’Arméniens et de Grecs aux fenêtres, et la foule de Constantinople !

Mikhaïl Afanassievitch Boulgakov, né le 15 mai 1891 à Kiev et mort le 10 mars 1940 à Moscou, est un écrivain et médecin russe puis soviétique.

Il commence en 1926 à écrire “La Fuite”, retravaillée jusqu’en 1928, corrigée en 1934 et 1937 à la demande de la censure et du pouvoir soviétiques, réécrite de nombreuses fois (il en existe quatre versions) dans l’espoir de la voir enfin créée, elle ne sera jamais jouée du vivant de l’auteur. Elle marque le début des tourments de Boulgakov comme dramaturge : à partir de 1928, ses pièces sont retirées de l’affiche des théâtres, il ne peut plus publier ni quasiment être joué. Boulgakov sombre dans la désillusion et la dépression. Et pourtant, c’est au plus profond de cette crise sur laquelle s’ouvrent pour lui les années trente, que Boulgakov rencontre son destin et l’inscrit dans l’histoire.

Ecrire une pareille œuvre en 1928 fut un geste d’une audace, d’une témérité et d’une lucidité presque affolantes, et l’on conçoit qu’elle ait été interdite ! – ce qui doit nous la rendre d’autant plus précieuse, dans sa clairvoyance et son génie.

Théâtre La Criée