« L’occupation Russe de 1816-1818 dans le Nord, les Ardennes et la

Thiérache »

La zone d’occupation Russe 1816-1818  

​ De Valenciennes aux Ardennes, la zone était occupée par 150 000 hommes de troupes. Au frais de la population. Ils étaient logés, nourris, éclairés – car les chandelles, coûtaient cher ! Bavay était la ville des adjudications, des affaires économiques pour les soldats. Maubeuge, c’était la capitale. Le tsar Alexandre Ier y venait de temps en temps. Le gouverneur Vorontsov (1782-1856) habitait sur la place Verte. Ce qu’on appelle les maisons du Chapitre (aujourd’hui le lycée Notre-Dame de Grâce), c’était son état-major. »

Mikhaïl Semionovitch Vorontsov ( Михаил Семёнович Воронцо)

Comme le disait Marcel Carnoy dans son étude sur l’occupation Russe en Thiérache :

« Chaque puissance reçut un secteur, le secteur Russe sous le commandement  du général Vorontzov, comprenait le département du Nord toute la partie se trouvant à l’est de l’Escaut (Mais Wellington en fit excepter Cambrai où il fixa son Grand Quartier Général) et dans le département des Ardennes les trois arrondissements de Rocroi, Rethel et Vouziers.

L’Aisne n’était donc pas initialement comprise dans la zone russe. Cette ligne militaire est bordée par une bande de territoire neutralisée où il ne doit y avoir ni troupes Alliées, ni troupes Françaises.

Pas de doute possible ; l’arrondissement de Vervins limitrophe du Nord et des Ardennes devait  donc être neutralisé.

Le comte Vorontzov  qui avait établi son QG à Maubeuge comprit vite que toutes les liaisons avec les Ardennes traverseraient forcément l’arrondissement de Vervins. Il était donc vital pour lui de l’occuper. Peu de vestiges de l’occupation subsistent, (près de Givet, Notre Dame de Walcourt et sa chapelle orthodoxe, des bornes 35-85 à l’usage des cosaques). Maubeuge, pendant cette période, est complètement russifiée. Cependant la population locale souffre. Les allocations attribuées aux propriétaires maubeugeois pour loger les officiers sont une faible compensation eu égard aux demandes importantes des troupes d’occupation en vivres, chevaux, voitures, corvées… Bientôt, la tendance sera de loger les Russes entre eux, à Thiant, Maing, Haspres, Givet, Château d’Hugemont….. Vorontsov tient ses troupes avec fermeté mais avec justice. Le supplice des baguettes (500 ou 1 000 coups de bâton) le supplice du knout, donnent à réfléchir à la troupe russe qui commet très peu d’exactions pendant cette période. Leurs officiers fréquentent les loges maçonniques de Valenciennes, Maubeuge et Avesnes, avant que la franc-maçonnerie ne soit interdite en Russie en 1821.

L’occupation Russe en Thiérache (1816-1818)

Borne 95 de la Cité de Fumay © Buno Ballery.

Un inventaire complet est en cours, réalisé par l’ A.S.P.H.N (Association de Sauvegarde du Patrimoine et de l’Histoire Napoléonienne) du sud de l’Aisne, de nombreuses Bornes restent à découvrir ! –

Elles furent placées sur le bord des routes, environ tous les 5 kilomètres. Ces bornes sont parmi les dernières traces visibles de l’occupation russe dans le nord-est de la France.

 

Borne 90 du Clos Bertaux © Buno Ballery.

Sans les découvreurs,  ces bornes auraient disparu de nos mémoires. Ces bornes de Vorontzov seront-elles protégées ?

Un habitant de La Capelle, qui en savait beaucoup plus sur l’occupation russe, que la plupart de ses congénères, a eu la chance de trouver une borne… dans une décharge. Sauvée de la benne par le Capellois au nez creux, la borne trône aujourd’hui dans son jardin. Elle porte une inscription : «  De Maubeuge, 35 verstes.  » Cette mesure russe était égale à 1,0068 km. Pour savoir où elle se situait approximativement, il convient donc de compter 35,200 km à partir de Maubeuge.

Borne 85 de la croix de Ste Anne © Bruno Ballery

9 Bornes ont été retrouvées, d’autres ont été détruites, il en reste encore à découvrir.

A Propos du cimetière militaire Russe de Givet

D’après les sources de Thierry Maquet.

Des soldats Russes ont été inhumés au cimetière militaire du Bayot (Givet) qui a été désaffecté en 1849.

« Hommage en France à des soldats Russes – Le gouvernement français vient d’autoriser le prince  Galitzine à faire ériger dans le cimetière de Givet (Ardennes), un monument à la mémoire de 76 soldats russes du corps d’occupation, tombés en cet endroit pendant l’invasion de 1815 et enterrés sur les lieux mêmes. La municipalité de Givet a gracieusement offert le terrain et se propose d’offrir toute la solennité possible à la cérémonie d’inauguration du monument ».

L’historien Thierry Maquet a dressé la liste des soldats Russes décédés à Givet, il a aussi répertorié sur le cadastre de 1823, l’emplacement du cimetière des militaires et  sa localisation actuelle.

Chapelle Notre-Dame de Walcourt

« Il ne semble pas que cette bonne intention ait été réalisée  –  à  l’occasion du bicentenaire de la présence des Russes à Givet, une plaque apposée sur la chapelle Notre-Dame de Walcourt serait tout à fait appropriée pour en perpétuer le souvenir ».

Ces soldats Russes reposent à tout jamais sur les terrains (Jardins) entre la Rue du point du jour – l’avenue du Président Roosevelt – la Rue d’Altkirch. Aucun document ne stipule le rapatriement de ces corps dans le cimetière de Givet, depuis 1815-18 ils reposent ici ! Aucune plaque concernant cet épisode n’a été apposée, ni au cimetière de Givet, ni à la Chapelle Notre-Dame de Walcourt.

Nous avons la lise des 77 soldats russes décédés à l’hôpital de Givet de 1816 à 1818.  Autre recensement, la liste des mariages qui ont eut lieu entre « des officiers Russes et des filles de Givet », ( les officiers étaient les seuls qui avaient des papiers). Pour les soldats, il faudra attendre la fin de l’occupation célébrée le 29 septembre 1818, sous le patronage de Wellington, pour rester en France et y fonder un foyer. L’occupation russe a bénéficié d’un préjugé favorable par rapport à l’occupation anglaise ou prussienne.

Parmi ces exemples le 21 janvier 1818, furent mariés Diomi Jartow, capitaine du 10e régiment des Chasseurs à pied, né à Jarinsk, région de Wolgodie, et Marie Thérèse Angélique Poulet.  Les  preuves de mariages sont nombreuses.

 77 Soldats qui méritent un hommage particulier. Il est grand temps de réparer cette injustice,  qu’une plaque commémorative ou un monument voit le jour, soit sur la rue du Point du Jour, à Givet,  soit à la chapelle Notre-Dame de Walcourt (qui contient déjà d’autres signes votifs à la gloire d’autres soldats).

Par exemple “Pour sa mémoire  Karchignov  Petr, 28 ans, Carabinier du 10e d’infanterie légère mort le 30 juillet 1817. Un des 77 soldats qui méritent notre devoir de mémoire.

 Espérons que cette information circule afin que nos deux pays fassent le nécessaire pour ne pas les oublier.

Si vous avez des renseignements concernant cette période contactez:

Bruno Ballerey par courriel: bruno.ballery@orange.fr