Sortie janvier 2015

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Préface de Véronique Schiltz, membre de l’Institut
Prix 2013 de la traduction du Salon du livre et de la revue d’art – Festival de l’histoire de l’art à Fontainebleau.

“… L’orage grandit et se renforce. Par moment le vent romantique se calme et le silence lourd, précurseur d’un épique fracas assourdissant, devient insupportable, comme le spasme d’un enfant qui, juste après une chute, se tait pendant trois horribles secondes et tout à coup déchire l’air de son cri frénétique et, néanmoins, quelque peu apaisant.

De larges éclairs coupent sans cesse l’œil avec leur rasoir géant ; le précipice sans fond sous la fenêtre paraît alors encore plus velouté et sauvage.

Il y a un cauchemar atroce, véritable torture dans lequel tu n’arrêtes pas de tomber d’une hauteur effroyable dans une profondeur noire et inconnue, et ton corps est titillé jusqu’à la nausée par le sentiment de l’absence de sol sous tes pieds… Ce que je ressentais en me forçant à tenir bon contre l’orage devant la fenêtre ouverte était proche de ce cauchemar : ce chatouillement, le frère de la mort, s’approchait de moi…

Quel étrange, quel terrible décor !… Tout autour, sur les rochers, comme dans un colisée des Cyclopes, comme dans une volière magique faite pour des aigles géants, bâillent des trous profonds et noirs, des niches - sépultures abandonnées des pèlerins de l’Hellade et de l’Étrurie, des tombeaux des philosophes, des pontifes ayant vécu, étudié, professé près du sanctuaire glorieux.

Depuis longtemps se putréfièrent les ossements des stoïciens et des sophistes, bâtisseurs de systèmes ingénieux, chercheurs du sens de l’existence… Mais toujours, comme il y a trois mille ans, au printemps, Zeus tonne au milieu de la volée d’aigles effrayés par les éclairs et, chaque printemps, dans les ténèbres de l’Hadès, Perséphone pétrifiée de douleur - torve, terrible, assise dans son profond fauteuil de basalte - attend chez elle avec méchanceté, de la terre interdite et florissante, les enfants du soleil crédules et fragiles : les hommes…” ( extrait du texte de Léon Bakst)

Le livre.

Mais qui était donc Léon Bakst et que faisait-il en Grèce en 1907 ? Et pourquoi, un an avant sa mort, en 1923, à Paris, publia-t-il en russe un livre intitulé “Serov et moi en Grèce” ? Et qui était Serov ?

L’ouvrage que le lecteur tient entre ses mains est la première traduction en langue française d’un morceau exquis de la prose russe symboliste. Non seulement ce texte est un petit chef-d’œuvre en soi, mais il permet de jeter un regard nouveau sur l’un des principaux créateurs des Ballets Russes.

Du tableau Terreur antique aux décors et costumes de l’Après-midi d’un faune, mêlant au souvenir de la Grèce antique un orientalisme sensuel et coloré, Bakst inspire tout un courant dans l’art et la mode du début du XXe siècle. L’auteur de cette traduction et de l’essai introductif tente de retrouver les sources et de saisir l’originalité de l’hellénisme de Bakst.

La traductrice.

Olga Medvedkova est née à Moscou, elle a fait ses études à l’université Lomonossov, puis à Paris, à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales. Docteur en histoire et civilisation, habilitée à diriger les recherches, elle a été l’une des premières pensionnaires de l’Institut National d’Histoire de l’Art et est actuellement chercheur au CNRS (centre Jean Pépin). Elle a publié de nombreux ouvrages et articles d’histoire de l’art et de l’architecture, des essais, des traductions, y compris de Pouchkine et de Kandinsky, ainsi qu’une pièce de théâtre et un roman (prix Révélation 2014 de la SDGL).

Éditions TriArtis

19 rue Pascal 75005 PARIS

http://www.triartis.fr

Prix 22€

128 pages ; 210 x 145 cm ; broché
ISBN 978-2-916724-56-0
EAN 9782916724560