Cérémonie de remise du

15e Prix Russophonie 

Samedi 12 février 2022 de 14h à 19h

Mairie du Vème , 75005 Paris

Compte tenu de la situation sanitaire, les Journées du Livre Russe  les samedi 12 et dimanche 13 février ne pourront avoir lieu dans leur format traditionnel. Elles se dérouleront cette année en deux “actes”.

Voir l’article sur le site d’Artcorusse : CLIQUEZ

Le premier d’entre eux sera en grande partie consacré au 15e Prix Russophonie. Le second se tiendra en octobre comme l’ont annoncé les organisateurs de France-Oural.

La cérémonie de remise du prix aura donc bien lieu le 12 février à ma Mairie du 5ème arrondissement de Paris.  

Malgré une longue histoire de relations culturelles, privilégiées, notamment littéraires, entre la France et la Russie, aucun des quelques mille prix de traduction décernés en France au début des années 2000 ne récompensait les traducteurs du russe vers le français.

Afin de combler ce manque évident, en 2006, à l’initiative de Dimitri de Kochko, président de l’Association France-Oural, avec comme partenaire la Fondation Eltsine et son directeur exécutif, Alexandre Drozdov, fut créé, le prix Russophonie.

Destiné à faire connaître la littérature de l’espace russophone, issu de l’éclatement de l’URSS, le prix récompense la traduction française d’un ouvrage écrit en langue russe quels que soient le pays de résidence, la nationalité ou la citoyenneté de son auteur. Les fondateurs ont aussi pour ambition d’établir un dialogue et de favoriser les échanges entre deux espaces linguistiques: la francophonie et la russophonie dans un monde multipolaire garantissant la diversité culturelle et linguistique. C’est ainsi qu’en 2010, le prix donnera naissance aux Journées européennes du livre russe.

Pour sa première édition en 2007, le jury était présidé par Andreï Makine. Depuis, slavisants et acteurs du monde littéraire s’y sont succédés : Elena BalzamoJean BonamourEvgueni BounimovitchChristine CaillonGérard ConioAgnès DesartheFrançois DeweerAnne DurufléFrançoise GenevrayNatalia JouravliovaAndreï KourkovIrina KrivovaKirill PrivalovIrène SokologorskyChristine Zeytounian-Beloüs. Il est depuis sa création coordonné par Christine Mestre.

Représenté par une sculpture originale offerte au lauréat, le prix est doté d’une récompense financière pour l’auteur et son éditeur.



Et elle sera précédée d’un après-midi consacré à la présentation des lauréats et de leur traduction. La Mairie du Ve nous demande de respecter une jauge. L’entrée se fera donc sur inscription (le formulaire d’inscription et le programme détaillé seront disponibles dans quelques jours). L’ensemble des rencontres et la cérémonie elle-même seront diffusés en direct sur Youtube et Facebook !

D’ici à ce que nous nous retrouvions après deux ans de séparation, rendez-vous sur notre page Facebook avec, dès cette semaine, la publication de la liste de toutes les traductions en compétition. Puis, nous dévoilerons la short-list des 5 livres ayant participé au vote final du jury.

Nominé(e)s pour le 15e Prix Russophonie
pour la meilleure traduction du russe vers le français

Compte tenu du peu de place dédié à la littérature russe contemporaine sur la scène littéraire française, on ne peut que se réjouir de retrouver dans le palmarès du 15e prix Russophonie :

Les aventures d’un sous-locataire de Iouri Bouïda, grâce à la plume de Véronique Patte, traductrice connue pour ses traductions du polonais et du russe, notamment du regretté Igor Sakhnovski chez le même éditeur, Gallimard.
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Les Éditions Noir sur Blanc font un beau doublé avec deux textes contemporains, portés par deux traductrices chevronnées, déjà présentes au palmarès du prix Russophonie ces dernières années. La route d’hiver de Léonid Youzefovitch traduit par Marianne Gourg-Antuszewicz

Le Manteau à martingale de Mikhaïl Chichkine, traduit par Maud Mabillard, également traductrice chez le même éditeur des Enfants de la Volga de Gouzel Iakhina.

Comme elles, déjà nommé au palmarès du Prix Russophonie Yves, Gauthier revient avec la traduction chez Transboréal de Dersou Ouzala de Vladimir Arseniev, résultat d’un titanesque de restauration d’un texte jusque là amputé aux deux tiers par la censure soviétique.

La littérature classique est présente cependant avec une nouvelle traduction du théâtre de Pouchkine grâce à Andreï Vieru, philosophe, écrivain et concertiste, nouveau venu dans le monde de la traduction du russe qui publie chez Vendémiaire Le Visiteur de marbre et autres œuvres théâtrales.



Pour connaître le traducteur ou la traductrice qui verra son travail consacré comme la meilleure traduction du russe de ces deux dernières années,


 
REMISE DU XVème PRIX RUSSOPHONIE 2022
 
Pour la troisième fois dans son histoire, le prix Russophonie récompense deux traducteurs, pour deux ouvrages exceptionnels, dans lesquels à travers la préface pour l’un, la postface pour l’autre, ils se sont fortement impliqués.

Déjà nommé au palmarès du Prix Russophonie en 2011, en 2014 et en 2018, Yves Gauthier est lauréat du prix 2022, avec la traduction de Dersou Ouzala de Vladimir Arseniev. Cette parution du texte intégral jusque là expurgé par la censure soviétique, s’inscrit en droite ligne dans le parcours du traducteur attaché depuis de nombreuses années à faire connaître la Sibérie, sa nature et les hommes qui l’habitent. Elle est due aussi à la rencontre de 3 écrivains voyageurs : l’auteur, Vladimir Arseniev, l’éditeur, Emeric Fisset et le traducteur, Yves Gauthier. On devine entre ces trois là une infinie complicité et l’objet qu’ils nous offrent est un véritable trésor, tant par la beauté du texte que par l’actualité des problématiques et des valeurs qui l’animent.
Lors de la remise du prix Yves Gauthier a évoqué le destin tragique d’Arseniev et de sa famille à laquelle il tenait à rendre hommage.

 

Né à Poitiers en 1960, Yves Gauthier a grandi en banlieue parisienne où il s’est orienté vers des études de lettres. D’esprit xénophile, diplômé de russe apprenant aussi les langues anglaise et chinoise, il entreprend de découvrir le monde en commençant par l’Union soviétique dès le début des années 1980. Il n’ira jamais plus loin. Naufragé volontaire, comme lui-même se qualifie volontiers, il y restera plus de vingt ans (Moscou, Rostov-sur-le-Don). De cette expérience, il concevra la vraie sève du pays par la conquête de la langue, à quoi il n’a jamais cessé de se consacrer. Qu’il ait fait de la traduction son artisanat favori participe assurément de cette philosophie du monde : la traduction aussi est un voyage.

Salarié jamais, franc-tireur toujours, Yves a signé depuis trente ans plusieurs dizaines de traductions du russe au profit de différents éditeurs. Sa bibliographie dénote un penchant marqué pour les rives inconnues et la littérature de découverte ou d’exploration (Nikolaï Mikloukho-Maklaï – son « idole » –, Vladimir Arséniev…). La Sibérie y occupe une place privilégiée avec notamment le Tchouktche Youri Rytkhèou (UnnaL’Étrangère aux yeux bleusLa Bible tchouktcheLe Miroir de l’oubli), les Russes Oleg Ermakov (Pastorale transsibérienne) et Vassili Peskov (Ermites dans la taïga et Des nouvelles d’Agafia). L’appel de la nature sauvage, présent dans tous ces titres, culmine en 2016 dans sa traduction de L’ours est mon maître de Valentin S. Pajetnov.

Il est aussi l’auteur d’une dizaine d’ouvrages inspirés par la Russie, traduire et écrire répondant selon lui d’une égale façon à la question posée en son temps par Baudelaire aux étonnants voyageurs : « Dites, qu’avez-vous vu ? » Là encore, on retrouve l’Asie russe avec L’Exploration de la Sibérie (1996, avec Antoine Garcia, prix François Millepierres de l’Académie française) ou Le Centaure de l’Arctique (2001). Il a par ailleurs signé plusieurs guides de tourisme et un livre d’architecture, Saint-Pétersbourg (2003), à l’occasion du tricentenaire de la fondation de la ville.

En 1991, la lecture du rapport secret de Youri Gagarine, déclassifié cette année-là, met Yves Gauthier dans les pas du premier cosmonaute de l’humanité et le pousse à écrire Gagarine, ou le rêve russe de l’espace (1998, rééd. 2015). Renouant avec l’art biographique, il exprime ensuite dans Vladimir Vyssotski, Un cri dans le ciel russe (2015, mention meilleure production littéraire à Koszalin, en Pologne) son admiration pour le barde soviétique – grand comédien et acteur aussi – dont les chansons l’avaient, en son temps, poussé à entreprendre l’apprentissage de la langue russe.

Ayant été pendant quinze saisons consécutives, de 1996 à 2010, directeur de croisière sur le réseau fluvial Moscou/Saint-Pétersbourg, Yves Gauthier a tiré de cette expérience un roman de voyage paru en 2008 sous le titre Moscou sauvée des eaux (Actes Sud). Il vit à Blois depuis 2008. C’est là qu’il retrace dans Souvenez-vous du Gelé, Un grognard prisonnier des Russes, l’intrigante figure du mythique Normand Nicolas Savin (2017). Parmi ses grands projets figure l’écriture d’un roman en langue russe pour aller, dit-il, « jusqu’au bout de l’étreinte ».

 

Le second Prix  pour :

 André Vieru est un nouveau venu dans le monde de la traduction du russe. Philosophe, écrivain, il est aussi concertiste et ce sont tous ces talents qu’il met à l’œuvre pour traduire, chez Vendémiaire, le théâtre de Pouchkine. Le Visiteur de marbre et autres œuvres théâtrales est assorti d’une ample postface où il justifie son choix de traduire Pouchkine « pour l’oreille et non pour l’œil » ce qui permet à Elena Balzamo d’écrire : ni archaïsante, ujni trop moderne, la version française se maintient sur une ligne de crête délicatement dessinée – c’est beau, c’est limpide, c’est naturel, un vrai miracle ! »

Andreï Viereu , en 1958 à Bucarest d’un père roumain et d’une mère russe, vient de traduire en français le théâtre de Pouchkine, mais il est aussi philosophe, peintre et mathématicien.
Des intrigues politiques de Boris Godounov à la rivalité de Mozart et Salieri, en passant par la tragédie du visiteur de marbre : l’œuvre théâtrale de Pouchkine est d’une richesse sans équivalent. Si l’on connaît bien en France la prose de l’auteur d’Eugène Onéguine et de La Fille du capitaine, la traduction de ses vers est un exercice de taille auquel peu se sont confrontés.
Andreï Vieru, s’attelle à la tâche de cet ouvrage de Pouchkine . Dans cette nouvelle traduction, une attention particulière est portée à l’usage d’une langue française d’époque, celle dans laquelle Pouchkine, qui avait failli devenir un écrivain français, rédigeait lui-même ses lettres.
Passions, tragédies, histoire, légendes : le théâtre de Pouchkine est un kaléidoscope, qui saisit en quelques pièces tous les registres de l’écriture et de l’inspiration, des grandes figures du folklore ou du mythe aux plus obscurs tourments de l’âme humaine.
Il est ici donné dans une traduction d’Andreï Vieru, sans doute la plus apte à rendre la musicalité d’un auteur qui fut avant tout poète – seule la sensibilité d’un grand pianiste pouvait nous emporter dans le rythme et la légèreté mozartienne de ces drames, petits joyaux de la littérature russe qui inspirèrent Moussorgski et Rachmaninov.


Mairie du 5e arrondissement 
21 place du Panthéon – 75005 – Paris
Ouvert samedi  de 14h à 19h
Accès: RER Luxembourg